mercredi 6 mars 2019

Cendres

40 jours.

Quand j'étais enfant je m'appliquais à jouer davantage de violon, m'efforçais de faire les exercices de solfège, de la méthode bleue, puis verte (ou bien était-ce l'inverse) chaque jour, sans attendre que Maman ne me le rappelle. A la cantine il y avait "le bol de riz", j'avais l'impression que c'était un seul mot : c'était l'opération bolderi, le premier lundi du Carême ou bien le dernier avant Vendredi Saint je ne sais même plus. On rassemblait les boîtes de conserve, les paquets de pâtes, dans des cartons posés dans un coin de la classe, souvent c'était aussi le moment des pièces jaunes, et il était possible de se confesser chaque semaine à l'aumônerie, grâce à un service renforcé pendant ce temps fort qu'est le Grand Carême. En quelques sortes on thésaurisait la pénitence, de quoi mettre de côté pour quelques mois, se donner une petite avance pour le Royaume des Cieux ou bien, option un peu plus Realpolitik, les adultes profitaient de cette tendresse qui caractérise certains enfants et qui les rendent particulièrement sensibles au conformisme pour leur donner un sens moral. Faire provision de valeur, de droiture et de rectitude.

Une enfance catholique. Avec des moments d'ennui à la messe, à inspecter chaque smock de la robe que ma mère avait choisie, les dimanches scouts, les heures de catéchèse où on était invités à discuter de la parole du Christ et à mettre en dessin les Evangiles. Si mon grand-père était encore en vie, est-ce qu'il serait fier de ce que je suis devenu ? Aurait-on ces conversations que j'imagine parfois, sur le péché, la liberté, le sacrifice, la beauté ? Est-ce puéril de vouloir sauver son âme, et de souhaiter que l'âme de tous ceux qu'on aime le soit autant ? De se surprendre, parfois, à avoir envie de prier, d'aller à l'église ?

J'ai encore besoin de ce temps, que j'associe à la quiétude et au repos. Cela fait 3 ou peut-être 4 ans que je fêtais à l'orthodoxe, Maslenitsa, parce que pourquoi se priver de vodka et blinis en bonne compagnie, cette année le carême a débuté avec les mêmes amis, et, ce matin, un mal de tête, de toutes façons, invite effectivement au discernement et à la réflexion.

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