mercredi 3 juin 2009

Otto e Mezzo

Que faire quand les journées sont longues, qu'il n'y a pas de cours à ficher, de livres à ingurgiter, de métros à prendre ? Justin et moi on aime : regarder des films, qu'ils fassent 2 ou 3h, aussi "exigeants" qu'ils soient. On se fait des listes interminables à partir d'imdb, d'acteurs et réalisateurs fétiches, de 100-films-à-voir-avant-l'apocalypse, et on se lance. (Méthode : au lieu de passer 15' à entamer des négociations pour que le film nous plaisent à tous les deux, on est d'un autoritarisme sans nom en imposant, chacun à tour de rôle, le film qu'on veut voir).

C'est comme ça qu'on a enfin regardé Otto e Mezzo, un film de 1963. En le filmant, Fellini n'avait pas manqué d'assortir sa caméra d'un avertissement à lui-même "n'oublie pas que c'est une comédie". Et effectivement, pour éviter ce qui aurait pu être rien d'autre qu'un film égocentrique, racontant uniquement les propres soucis de Fellini, l'avertissement fut utile. Car le film est réussi, léger, passionnant et surtout touchant.

Le héros, Guido, est réalisateur de cinéma et peine à achever (commencer ?) son tournage. Harcelé par son producteur, ses amis prétentieux et plein de bons conseils, les agents des actrices auxquels il promet des rôles qu'il ne parvient même pas à définir dans d'hypothétiques scénarii, des assistants en tout genre, il mène bien sûr une vie sentimentale dissolue entre sa maîtresse et Luiza, son épouse. Tant et si bien qu'obsédé par des évènements de son passé, il se retranche plus que de raison dans son imaginaire, son éducation catholique et le lot de culpabilité chariée par ses valeurs, et alimente le temps présent de ses fantasmes.

On rencontre rapidement Carla, qui rejoint de manière inopinée Guido, dans la station thermale dans laquelle il se reposait. On ne peut pas louper son look très "petite madame", ni ses moues pour le moins expressives.







Carla, avec sa toque et son manteau à col de fourrure, ses perles, et sa voilette, débarque évidemment avec 5 valises (ça prend de la place la coquetterie). Moi, je préfère le style de Luiza, jouée par Anouk Aimée : des chemisiers blancs, tout simples, qu'on porte sans sous vêtements, des jupes droites. Chic, simple, à la Françoise Sagan. C'est sans risque, sans audace, mais je me suis toujours sentie plus proche de ce style là.

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J'adore le sourire radieux d'Anouk Aimée, qui transcende son visage, elle est d'une beauté vibrante!

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Avant de retrouver son épouse, Guido est légèrement stressé, il la cherche du regard parmi la foule, lorsqu'il l'aperçoit, son regard s'illumine.

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Mais bien sûr, le mariage n'est pas si heureux que cela, Luiza n'est pas dupe et n'ignore rien des incartades de Guido. Alors qu'ils prennent ensemble le petit déjeuner avec une amie de Luiza, la scène vire au vinaigre lorsque débarque une certaine connaissance...

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J'adore comme Guido tente de se cacher furtivement derrière les nouvelles du jour, et toutes les mimiques éhontés qui rythment le dialogue. C'est autre chose chez son épouse : le regard noir de Luiza contraste avec son sourire éclatant de la veille.

On aperçoit enfin Carla, limite ravissante idiote. J'adore qu'elle porte sa toque et son manchon de fourrure alors qu'on est clairement en plein été!

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Les trois observent le manège...

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Guido tente encore de faire comme si de rien était avec son air chafouin.

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"si seulement...", plus facile de se réfugier dans ses rêves non ? On bascule alors dans la scène de fantasme à mon avis la plus réussie et plus jouissive du film (en tout cas, ma préférée pour le moment!), en découvrant le sérail imaginaire de Guido : il y vivrait avec toutes les femmes ayant marqué sa vie et son désir, de la femme bestiale qui lui valut une correction lorsque petit élève dans une pension catholique il l'avait observé danser, à ses actrices, et bien sûr, Luiza, qui est là, à une place de choix : fichu sur la tête, elle supervise! Quelle preuve d'amour!

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Dans son harem fantasmé, Guido est toujours annoncé et pénètre dans le foyer les bras évidemment chargés de cadeaux pour ses protégés. On le chouchoute, c'est à qui lui caressera les mains, lui préparera son bain... Danses, chants, caresses, Marcello a l'air dans son élement non?

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Dans la réalité, Guido est en fait un homme soucieux. Qu'il ait à faire à ses collègues, à son producteur, à ses amis ou aux journalistes qui le questionnent, on ne le voit pas tranquille, mais toujours préoccupé, énervé, bref, caractériel. Pour preuve sa gestuelle, qui trahit aussi sa culpabilité et son insatisfaction : il s'en veut, se trouve malheureux.

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Le moment du beau monologue où, très troublé, Guido tente d'expliquer à son "ange gardien", l'amie de Luiza, pourquoi il a voulu faire du cinéma... On croirait presque à un film autobiographique!

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Ce que j'adore dans ce film, ce sont les scènes de vie mondaine, Fellini n'a pas son pareil pour filmer les élégantes, les dîners, les attitudes.

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Lorsque Claudia Cardinale apparaît, en pleins essais de castings ratés, de sa baguette magique elle vient bouleverser les certitudes d'un Guido éreinté et essoufflé à propos de l'amour, des femmes. Fragile, enfantine, magnifique, Claudia n'a qu'un petit rôle mais crève évidemment l'écran avec son voluptueux boa!

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A la fin du film, un ultime fantasme survenant au cours d'une éprouvante conférence de presse nous apprend que Guido parviendra finalement à se rassembler et à réaliser son film, en réunissant toutes ses connaissances, joyeux bazar, et bien sûr, Guido et Luiza se réconcilient. "Tout est bien qui finit bien".

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