samedi 31 mai 2008

oh no!

Weezer, l'album sort le 17 juin, c'est "le jeu de l'imdb" appliqué au web 2.0 :



On est en 2008 : sur sa couv', Spin propose de gagner... une voiture hybride.

A part ça, c'est le week end, faites vous une playlist, achetez du pain frais, marchez dans la rue et prenez des photos stupides, appelez vos copines et vos copains. Moi ça va.

Peace out !

mercredi 28 mai 2008

notes

J'étais échouée quelque part, à la main le livre que j'aurai aimé lui offrir. A La Recherche du Temps Perdu. Ca pesait lourd. Aussi lourd que mes pensées et mon corps à cet instant précis. Mon corps pesant, bien soumis à la gravité, qui s'enfonçait de tout son manque de propos dans les trottoirs sableux. Alourdissait ma vie, mon existence, chacun de mes pas.

On dit qu'à une certaine échelle (sous-atomique), les éléments ne réagissent plus selon les lois fondamentales de la physique.

En moi, c'est un peu pareil. A un certain degré, je n'obéis qu'à une seule loi qui régit pourtant pas tous mes agissements : l'amour propre. Tu voudrais que je te donne une autre chance, tu voudrais que je passe un peu de temps avec moi, mais sache que je suis comme ça : blesse moi une fois, et tu ne trouveras rien d'autres que des rebiffades ou une peau évasive.

Bon sang, tu n'avais qu'à venir ! Tu crois que ça se passe comme ça, au coeur de chacun, qu'on peut prendre ses dispositions, se présenter quand ça nous chante, et ne pas être abandonné à l'arrivée ?

J'ai marché comme une furie piquée à vif, du remblai au port. Autour de moi, rien d'autres que mon énervement, ma déception, tous ces trucs amers et violents. Le livre pesait lourd, j'aurai voulu le balancer au loin, le déchirer, je l'ai jeté à l'eau. Je contemplais d'une manière tout à fait abrutie : les pages se sont gonflées, une à une, la couverture s'est déformé, ça avait quelque chose de grotesque, tous ces trucs perdus en même temps.

J'étais blessée au plus profond de moi-même, la dignité peut-être.

dimanche 18 mai 2008

uneasy

Peut-être faut-il commencer par le début.

Il y a bien quelqu’un. Ses cheveux bruns, ses pas forts et puissants, sa voix du matin, le bruit du petit déjeuner qu’il prépare : du thé, des croissants, que je mange avidement à peine habillée. Je suis parfois là, dans ses bras. Comme une autre avec une autre langue et des cuisses plus fines. Je suis toute entière amoureuse de lui. De sa peau, de sa tête, de ce qu’il lit, de la musique qu’il écoute mélancoliquement, de la ligne de métro qui le ramène chez lui. J’ai un peu de sa vie, il a beaucoup de la mienne. Les pensées futiles du soir, les caresses que je fais maladroitement, les lettres stupides que j’écris sans les terminer et qui finissent, invariablement par alimenter la corbeille de mon petit bureau.

Tout ça dans les veines, ça me rend léthargique. C’est juste une façon molle et lénifiante de s’effondrer, j’en suis persuadée. Ce sont de pauvres injections, pour mieux me remplir de vide, du faux qui m’éblouit, me prend et me fait ramper. Car je ne colle pas. Il y a des cases, il faut les épouser, avec la bouche, les courbes, le regard de biche apeurée. Et moi, je compte plutôt les cicatrices, les grosses marques qui désolent, ma tête penchée, hâtive, sans grâce. Mais j’essaye et je trébuche.

Ca devient un peu fatiguant, de vivre avec ce perpétuel sentiment d'imperfection, cette évidence à laquelle je dois me rendre. On m'a longtemps fait croire qu'être femme ça s'apprenait, et qu'il fallait l'apprendre. Chaque petit point, assortir les couleurs, avoir une voix douce, minauder, on en devenait une charmante plante vénéneuse. Il n'y avait même pas lieu de délibérer, l'horizon, c'était ça. Aimer, être aimée, savoir être aimée. Quelle fatigue.

Je suis tombée amoureuse de ce type, je suis engluée dans cette relation, ça tourne en rond, ça tourne en rond, et ça m'irrite rapidement. J'attends ses signes, tapie dans un tout petit coin de sa vie, j'attends, j'espère, j'ai peur d'en faire trop, qu'il se lasse, qu'il s'étonne, je m'étends délicatement et avec timidité, lorsque j'aimerai m'étaler sans vergogne.

Mais est-ce que j'aurai seulement le droit d'aimer quiconque sans vergogne, imposer tout ça à un pauvre malheureux qui n'a rien demandé, et surtout pas mon attention poisseuse. Je suis là, je voudrais entrer dans leur vie, devenir indispensable, être la première appelée, être aimée de manière inconditionnelle, malgré toutes mes imperfections et mes impatiences, et d'ailleurs, non, qu'il aime même mes impatiences, qu'il me trouve ridiculeusement charmante en tous points.

Mais j'attends les coup de fils, les heures libres, la bande passante de cerveau. J'en deviens mauvaise, envieuse, une vilaine sans précédent. Je la connais par coeur, ma petite chambre, à force d'attendre dedans : les parties du mur fissurées, ma fenêtre dont la peinture blanchâtre se décolle, les jaunissures du plafond.

Mon père se désolerait, et, au fond de moi, j'entends bien ses reproches. Ca me donne mauvaise mine. Alors je lui mens, tout va bien, super bien, super les études, super les amours, bonjour la vie. En rentrant de ces déjeuners que j'apprécie - il a toujours eu pour moi le plus doux des regards, j'étreins de nouveau ma tristesse, je la retrouve là où je l'avais laissée : ballante et grise. Elle m'accompagne de nouveau, comme une seconde peau rassurante dans laquelle on se noie mais que je délaisse sans regret une fois entourée, lorsqu'avec plaisir je ris et suis légère, charme sans conséquence.

Au bout de la nuit, toutes les humeurs sont finalement les mêmes. La joie succède au chagrin qui remplace l'ivresse qui annule la peine. Je me fatigue comme une brave bête avec toutes ces émotions à éponger, j'aimerai avoir son calme, à elle, sa distance, ça préserve la dignité. Tout semble facile et comme ordonné, lorsque dans mon système à moi, c'est la guerre perpétuelle, un champ de bataille qui se prolongerait sans trêves. Je nourris souvent un petit espoir, à trente ans, ça sera différent.

jeudi 15 mai 2008

not that much

A cette époque, quand je me couchais le soir, c'était avec cette conviction là chevillée au corps : demain ne sera pas plus gai, plus léger, ou plus volubile, à moins que je m'y attelle. Alors chaque matin, la ritournelle reprenait et je m'échinais à rendre la chose, c'est à dire, la vie, joyeuse et franche.



Un beau numéro, ces optimismes à moitié feints, ces sourires que j'adressais, à défaut d'autre chose, ce paraître affolant, que j'offrais à ceux que je fréquentais, avec l'espoir, au fond, d'en retirer quelque chose. Une amitié, quelqu'un penserait à moi, quelque chose de sûr et de tangible, avec quoi compter et composer. J'habillais le présent de contrefaçon, d'amusement. Travestir le temps, transfigurer l'air, faire comme si, jouer la comédie, m'endormir éreintée, et entretenir les trucs, les astuces, tous ces petits trucs à portée de mains, dont je ne pouvais me départir.



Qu'il y t'il d'autre à dire sur cette période là, où tout était d'une vanité sans conséquence. Rien ou pas grand'chose. Les soirées sont terminées et se confondent, c'est devenu tout à fait cotonneux, c'est le passé. Parfois, il ne faut pas chercher à retourner le passé plus que ça, même quand, au fond de soi, on s'imagine découvrir avec frénésie un deuxième sens à tous nos actes et nos paroles, les pensées qui nous traversaient l'esprit à ce moment là, comme on comprendrait, à l'aune des années vécues, l'histoire charriée de toutes part en en entendant la tradition.

J'ai toujours eu le goût des mauvais chocolat, qu'on avale boulimiquement... etc etc.

mercredi 14 mai 2008

abroad friends

il est tard, je devrai dormir et je n'en ai aucune envie : jet lag jet lag. Tout à l'heure, je lisais une interview de François Nourrissier, ce qui me rappelle fondamentalement à quel point j'aimerai moi aussi savoir écrire, à quel point la littérature EST, pour moi en tout cas, la vie, la résistance, le meilleur mode d'être qui soit. Alors je griffone un peu, deux trois trucs sans convictions, j'appelle Boyfriend en Suisse, il semble grognon, je suis fatiguée et j'aimerai me blottir contre lui, traverser un parc la main dans la sienne, et finalement, ce soir, il est 1h du matin, j'écoute Sonic Youth, et j'écris ce que j'ai en tête d'une traite et sans relire et un tas de choses, de gens, me manquent, et je n'en reviens pas de parvenir à m'entendre avec les gens, et je sens seulement deux choses présentes en moi, l'envie de réussir mes exams comme une malade mentale, et l'envie de partir, partir, partir, partir, pour fêter ça. Attendre dans les aéroports, rassembler mes affaires, marcher encore des heures, me tromper de chemin, être fatiguée, être heureuse, et être heureuse d'être fatiguée et commencer la journée sans savoir comment elle se terminera.

Au début de mon séjour, il m'envoyait un mail : "regarde le clip "I will possess your heart" de Death Cab For Cutie, il m'a fait penser à toi".

mardi 13 mai 2008

spin off

Avril et mai ce sont l'excitation, les paysages vastes, et surtout l'incroyable et pénétrante impression de ne plus appartenir à personne. Je suis là, et ailleurs, et toujours de passage.

820 miles entre L.A. et Portland, palmiers, redwood, pine trees, classicly blurry, hunter's laugh, frannie's smile, mon backpack qui pèse lourd sur mes épaules, le nez en l'air pour tout, tout, tout voir, tout sentir, raconter ou garder pour moi.

Tout va bien, extrêmement bien. I know my way.