mardi 25 septembre 2012

Ca fait deux heures. Ca fait deux heures que je me retiens, que je ne lui écris pas de mail, que je ne compose pas son numéro, que je n'envoie pas de texto comme pour faire un signe de vie alors qu'il n'a de toutes façons pas répondu à celui que je lui avais envoyé hier. Ca fait deux heures que je pense à lui dans le vent. Parfois je m'invente des excuses: "il est très occupé, il doit avoir du travail aujourd'hui!", et parfois je m'invente carrément de grosses excuses. Disons le franchement, je me fais un film : "il attend la fin de ta journée pour te raconter absolument tout ce qui lui est arrivé, aura occupé ses pensées, le film qu'il est allé voir ce week end, il veut savourer ce petit contact, ne pas l'expédier entre deux courriers, deux discussions vaines de bureau à propos du dernier épisode de Breaking Bad". Ca aide l'imagination. Ca aidait au CE2. Mais ça aide toujours à 21 ans, quand on est en plein tourment amoureux. C'est ça ou s'étouffer avec sa tristesse et affronter la réalité en face : tu ne vaux rien et/ou tu ne lui plais pas. Pas maintenant, pas tout de suite. Pas comme il faut. 

Ca fait deux heures que ma vie est arrêtée, que j'ai la truffe vibrante et à l'affût, avant de sortir assister à mon cours de droit des obligations, je me mets en retard en chargeant une dernière fois gmail, après je cours en remerciant le ciel d'avoir une heure et demie de cours, 20' minute de trajet à l'aller et autant au retour. Franchement qui n'a pas le temps d'écrire un petit mot en 2h10 ? Mettons 2h20 le temps de dire au revoir. Il est large là ! La réalité c'est que je me force à aller en cours et suivre mes études, pas pour faire quelque chose de ma vie, avoir un diplôme ou la conscience tranquille, mais pour combler le temps entre deux de ses apparitions de ma vie. Je suis dévorée par la passion, et le droit vient calmer mes ardeurs. 

Ca fait deux heures que j'essaye de garder la tête haute, espérant, aussi, conjurer le sort, et je n'ai aucune idée du moment où je ne vais plus y arriver, de la seconde précise où je vais m'effondrer, ou je vais simplement baisser la garde, faire quelque chose de stupide, contraire aux règles, où il deviendra évident pour tout le monde que mes pas sont tristes, et mon coeur à la dérive. Ca fait deux heures que j'essaye de me convaincre que tout va bien, que tout seul, au moins on se ballade, qu'à deux, le problème c'est qu'on va toujours quelque part.