samedi 20 avril 2019

Le dernier quart d'heure de cours je n'écoutais plus et calculais mentalement : le temps qu'il me fallait pour rentrer chez mes parents, larguer mon sac, rajouter du noir aux yeux, courir en sens inverse jusqu'à la gare et retrouver mes potes devant la salle. Parfois, le RER suivait directement le cours d'allemand ou d'anglais. 

Je ne séchais pas : bonne élève, lycée privée, le dossier pour la prépa, et après tout les bonnes notes servaient de monnaie d'échange, faisaient office de transaction. Un concert en semaine valait un 15 en latin. Je l'ai compris assez rapidement. Un bulletin irréprochable c'était la liberté. Je l'achetais grâce à trois heures de révision le dimanche matin, sa conquête était progressive, soit, mais définitive : je ne donnais aucune raison à mes parents de revenir en arrière. 

La liberté à 15 ans, 16 ans et 17 ans c'était la musique, les concerts de rock dont je revenais avec des bleus et éblouie, les billets de train achetés avec l'argent de poche et les quelques baby sittings qui me permettaient de faire mes devoirs, que je n'acceptais que si j'avais une fiche de lecture ou une composition à faire et s'ils ne rentraient pas en conflit avec l'agenda premier : celui des salles de concert, l'Elysée Montmartre d'abord puis le Trabendo, la Boule Noire, le Gibus, le Café de la Danse, le Réservoir... C'était le Paris où je n'allais pas avec mes parents, de l'autre côté de la Seine, là où les rues me surprenaient par leur saleté, les salles obscures dont le sol était crasseux et les toilettes pas franchement fréquentables, il fallait souvent faire le changement à La Chapelle et j'y croisais tous ceux que je ne voyais pas le samedi ou le dimanche en pleine journée trottant derrière mes parents, sous les arcades de la rue de Rivoli avant d'aller voir l'aile Sully au Louvre, déambuler dans le marché aux oiseaux ou aux fleurs, sentir le café chez Lapeyronie, que je ne buvais que du bout des lèvres, ignorant qu'il constituerait la seule joie certaine de mes matinées une poignée d'années plus tard, les jours parisiens, de septembre, avril ou juillet, où ma mère nous emmenait renouveler la garde robe au Bon Marché, rue de Rennes et Saint Sulpice ou, dimanche après midi de désoeuvrement, le long de la ligne aérienne dans ce 13ème arrondissement quasi provincial où vivaient mes grands parents puis mes cousins. 

Et l'été c'était les voyages, très rapidement à l'étranger, la Russie fauchée. La pauvreté, le train pour aller partout, la débrouille, un repas par jour mais les plus belles églises et peintures au monde.

Comment décrire à quel point j'ai aimé, adoré mon adolescence, je ne l'échangerais pour rien au monde. Je la revivrais façon éternel retour : tout pareil, à l'identique, et y compris le plus intestinal comme le plus violent. Evidemment tout était branlant, évidemment je n'avais aucune structure (cf : lignes 6 - 7), absolument aucune maturité, évidemment la vie allait m'engloutir. 

Mais cette excitation quand je marchais seule dans Paris, courais pour rejoindre les amis que mes parents ne connaissaient pas, ne connaitraient pas, les fêtes en cachette, l'incertitude, la gorge et le ventre qui brûlent quand un riff de basse débute, le valait bien. On rentrait effectivement dans le rock comme dans une cathédrale : c'était la peur et la fébrilité, le mystère sans cesse renouvelé de l'incarnation. D'abord l'anonymat, je me glissais parmi ceux que je regardais dans l'ombre et admirais secrètement puis on était devenu un fidèle et le rite était complet, les yeux se tournaient aussi sur nous, on s'inquiétait de notre arrivée, soudainement, sans que j'ai pu le prédire, c'était bien nous qu'on attendait. Chacun venait beau, plus beau, plus grand et plus fou que nature, moi, ça vous posait là, j'avais un manteau acheté, au prix de plusieurs repas sautés, dans une frippe à Melrose, mon mec une veste en velours vert bouteille, et la tête comme le coeur disponibles. Plus généralement on rentrait dans l'adolescence comme dans un vaisseau sacré. Période bénie des premières fois, où tout a mille fois plus d'intensité, de saveurs, ce goût indicible de la liberté et où les idées sont encore nettes et claires, les expériences vécues ne se mélangeant pas les unes aux autres ternissant l'ensemble en sorte de bouillie insipide et monotone.

Aujourd'hui j'enseigne à ces jeunes gens de 16 ans, 17 ans, 18 ans. Ils sont là, devant moi, pour certains craintifs, et d'autres avides et prêts à tout mais surtout à en découdre. A ceux là, j'espère que ce que l'on appelle un peu pompeusement "mon enseignement" ne leur apprendra qu'une chose : saisissez-vous de votre jeunesse, personne ne la vivra pour vous, faites vos dissertes de philo, ça vous servira pour plus tard, mais séchez, endormez-vous trop tard, ressentez les choses trop, et trop fort, paressez aux soleil, remplissez-vous la tête et les oreilles de sons, d'images, de films, et ne vous laissez pas dérober du bien qui est le plus précieux, ne vous disposez pas à vivre, la vie ça ne se repousse pas à plus tard.

Souvent je me dis que j'ai choisi mon métier pour deux raisons :
- pour ressentir encore et à nouveau ce sentiment de liberté et de bonheur qui nous submerge à la fin d'une année scolaire, éclaboussant d'insouciance, envahissant le corps tout entier
- pour être toujours au contact de ces drôles de créature que sont les adolescents et capter leur énergie comme un vampire.

jeudi 21 mars 2019

Disorder

Chaque moment, chaque instant, chaque journée et chaque semaine libre sont occupés par ces interrogations, je les reprends là où je les avais laissées et parfois il y a des retours en arrière, des rebuffades et des ratures. Jamais FECONDES. En fait j'ai l'impression de m'occuper finalement juste pour les éviter, les fuir et ne pas me les poser. #divertissement anyone ?

I've been waiting for a guide, to take me by the hand... Est-ce qu'un jour je ne compterai pas sur les autres, pour prendre des décisions pour moi ? Où vivre, que faire de ma peau ? Je suis lente, mais lente, je prétends aux autres qu'il faut du temps, qu'il faut que les choses se révèlent ou se décantent, mais soyons honnête, quand je veux vraiment un truc, quand j'en ai vraiment envie, je l'obtiens - il faut parfois faire preuve d'un peu de patience soit, mais je me donne du mal et place toutes mes forces dans la même direction. Et donc là ? Et bien là, les forces se dispersent, il n'y a pas franchement de stratégie - si ce n'est la fuite, et on ne suit pas un ordre de bataille rangée. 

Au moindre silence tout cela me surgit à la gueule sans crier gare, et bien sûr ce que je me dis, c'est que je devrais consulter cette gamine de 16 ans, que j'ai pourtant bien été, qui faisait tout avec évidence, et confiance, savait ce qu'elle voulait, choisissait en toute indépendance, ou en tout cas en avait le sentiment. Et le sentiment, c'est bien suffisant, qu'y a-t-il d'autres de toutes façons ? Qui compte-je leurrer ? J'en viens parfois à un point où je ne sais pas si j'ai bien le droit de revendiquer cette liberté, si elle ne serait pas trop encombrante, alors qu'au fond, je veux juste saisir la lumière, les soleils, les quelques journées qu'on a ici, qui nous ont été octroyées, pendant un court espace de temps.

mercredi 6 mars 2019

Cendres

40 jours.

Quand j'étais enfant je m'appliquais à jouer davantage de violon, m'efforçais de faire les exercices de solfège, de la méthode bleue, puis verte (ou bien était-ce l'inverse) chaque jour, sans attendre que Maman ne me le rappelle. A la cantine il y avait "le bol de riz", j'avais l'impression que c'était un seul mot : c'était l'opération bolderi, le premier lundi du Carême ou bien le dernier avant Vendredi Saint je ne sais même plus. On rassemblait les boîtes de conserve, les paquets de pâtes, dans des cartons posés dans un coin de la classe, souvent c'était aussi le moment des pièces jaunes, et il était possible de se confesser chaque semaine à l'aumônerie, grâce à un service renforcé pendant ce temps fort qu'est le Grand Carême. En quelques sortes on thésaurisait la pénitence, de quoi mettre de côté pour quelques mois, se donner une petite avance pour le Royaume des Cieux ou bien, option un peu plus Realpolitik, les adultes profitaient de cette tendresse qui caractérise certains enfants et qui les rendent particulièrement sensibles au conformisme pour leur donner un sens moral. Faire provision de valeur, de droiture et de rectitude.

Une enfance catholique. Avec des moments d'ennui à la messe, à inspecter chaque smock de la robe que ma mère avait choisie, les dimanches scouts, les heures de catéchèse où on était invités à discuter de la parole du Christ et à mettre en dessin les Evangiles. Si mon grand-père était encore en vie, est-ce qu'il serait fier de ce que je suis devenu ? Aurait-on ces conversations que j'imagine parfois, sur le péché, la liberté, le sacrifice, la beauté ? Est-ce puéril de vouloir sauver son âme, et de souhaiter que l'âme de tous ceux qu'on aime le soit autant ? De se surprendre, parfois, à avoir envie de prier, d'aller à l'église ?

J'ai encore besoin de ce temps, que j'associe à la quiétude et au repos. Cela fait 3 ou peut-être 4 ans que je fêtais à l'orthodoxe, Maslenitsa, parce que pourquoi se priver de vodka et blinis en bonne compagnie, cette année le carême a débuté avec les mêmes amis, et, ce matin, un mal de tête, de toutes façons, invite effectivement au discernement et à la réflexion.

vendredi 1 mars 2019

Les petits matins

Les petits matins d'hiver, brumeux, où l'on se réveille calmement et l'on craint de déposer les pieds nus contre le sol, qu'on sait d'avance trop froid, par rapport à la chaleur douillette du lit dont on s'est pourtant extrait avec un relatif entrain, sont mes préférés. Plus spécifiquement quand l'hiver touche en fait à sa fin, que la lumière est revenue, et que tout semble possible.

En fait la nature ne s'arrête pas : on croit qu'elle est au repos seulement pour manquer d'attention. Le bourgeon se forme, la branche s'allonge dans cette drôle d'excroissance, très jeune, très tendre, il suffirait d'un rien pour compromettre son éclosion, une pression du pouce et de l'index, qu'on rassemblerait comme la prise d'un crabe un peu cruel, mais dans un déterminisme implacable et à moins que l'on arrête dans un sadisme non contenu son mouvement, il continue de pousser et de croître, au rythme qui est le sien, que n'accélèrera qu'une activité un peu plus soutenue des rayons solaires. A cela nous ne pouvons rien faire, nous sommes ravalés à l'humble place de l'observateur. On peut toujours compter sur les bourgeons et cette seule certitude devrait suffire à tous, collectivement, nous rassurer. Même sous les couches et les couches de neige, sans qu'on le voit, de façon imperceptible pour l'oeil non aguerri, ça travaille.

En dépit du quotidien, des horaires à tenir, de ce qu'il ne faut pas manquer, du calendrier et du nécessaire autant que grotesque emploi du temps en effet, ça travaille. Le souffle qui nous traverse, cette petite voix intérieure ne se fait pas toujours entendre : elle doit elle aussi lutter contre les éléments, et surtout, contre la précipitation, le vacarme du monde, mais bien présente, enracinée, elle est aussi certaine que le printemps. Tout revient, tout est là pour revenir. Et parfois, de façon tout à fait absurde, exactement dans la même forme et avec la même fragilité alors que le temps a passé - la tulipe, l'orchidée, la primevère, reviennent à l'identique, et dans une forme de phylogenèse individuelle, nous mêmes nous semblons renaître sans rien avoir perdu d'autrefois.

On pourrait croire que rien ne se perd parce qu'au fond tout se transforme, mutatis mutandis, ou bien qu'il y a bien des choses qui tombent absolument et résolument dans l'oubli : les histoires de nos parents, de nos grands-parents et de nos arrière grands-parents, certains sentiments, certaines convictions (et parfois c'est tant mieux), on perd le passé et l'on s'allège pour mieux s'alourdir d'autres considérations, en accord avec son temps, du contemporain si l'on veut, de l'actuel, ce que l'on perd peut avoir la taille de tout un pays, des années complètes ou bien des personnes entières que l'on croit pourtant avoir aimées. Mais il y a aussi ce qui revient tel quel, ce qui timidement, parce que ce n'était au fond pas attendu, se redonne à voir, se présente à nouveau, dit "je suis toujours là", ce qui au coeur constitue le véritable fondement de notre être et que l'on avait sans doute un peu oublié et négligé.
Ce que je suis est parfois enseveli ; une fois "dans le monde du travail" - le monde donc, l'espace de relations, qui n'est pas l'espace de la vie, de l'amour ou de la saine et légitime contemplation, le véritable travail de tous les instants est de ne pas me sacrifier et protéger mon essence - exactement comme l'essence du parfum qu'on souhaiterait conserver tout au long de la journée et qu'il serait très indélicat et assez vulgaire de ré-appliquer, à intervalles temporels réguliers, comme pour se rappeler à soi-même et à autrui. Au fond, on veut que les performances de l'élixir de notre choix soit telles que notre fragrance nous suive, naturellement, d'elle même, tout au long de la journée, dans tous nos mouvements, se déclinant même au fil des heures qui s'égrènent comme pour mieux épouser notre être, la fatigue et l'usure du jour. L'essence, dans toutes les variations de l'être et de l'acte d'exister, se doit de demeurer, d'être encore et toujours là. C'est sans doute cela, plus encore qu'être soi, être soi-même. Être parvenue à ne plus faire négoce. A ne plus faire bon marché de soi, à ne plus se céder à vil prix.

Et qu'il s'agisse de l'acte pur d'exister, de se sentir au monde par ses choix, sa détermination ou sa présence ou de comprendre, subitement, ce qui fait que nous sommes nous et pas un autre, bref la révélation de l'être même est toujours une grande joie, indicible et qu'on ne peut communiquer. A chacun de la ressentir pour soi : en voyant défiler un paysage de son wagon de train, face à un film (de préférence japonais dans mon cas), en dévorant une brioche ou des petits choux à la crème ou en prenant son enfant dans les bras. Puis, comme on dit dans les recettes de cuisine "à réserver pour plus tard" : entourer de toutes les précautions nécessaires ce sentiment naissant, en le protégeant jalousement.

jeudi 28 février 2019

As little or as much

Garder cette distance : être celle qui est là, sans être là. Disponible. Une présence un peu familière, mais désincarnée, sans le poids de la matière mais avec le confort rassérénant du quotidien. Celle qu'on joint à tout moment, comme si la conversation ne prenait jamais fin : le matin au réveil ou aux petites heures de la nuit, lorsqu'à la fin de la journée on quitte l'un et l'autre nos responsabilités, nous déshabillant l'espace de quelques heures des rôles sociaux que nous nous sommes choisis, ou lors des beaux après-midis d'ennui où l'on pense l'un à l'autre, un message  en entraîne un autre, et ne débouche sur rien d'autre que ce simple échange, dépouillé de toute ambition, qui n'attend rien, qui n'espère rien. Je ne souhaite pas te voir, je ne souhaite plus te voir. Des petits mots lancés à travers les canaux numériques, des 1 et des 0, qui forment, de l'autre côté, des phrases, une "petite musique", ma petite musique, qui j'espère te fait parfois sourire le temps de ton trajet de métro, ou bien te fait franchement rire ou t'émeut. Voilà. Rien de plus que les 1 et les 0. Je ne suis pas prête pour autre chose, pour les corps qui se rencontreraient, pour le regard qu'il faudrait peut-être soutenir ou bien fuir, pour les multiples choix, et donc remords, qu'impliqueraient un rendez-vous.

Je ne veux pas me rendre en fait. J'ai essayé le rendez-vous : son principe, ses codes, ses usages. 

Veni, vidi, pas vici du tout. J'ai donc choisi, d'abord un peu piteusement, de conserver une distance de sécurité, mais j'investis à présent de façon souveraine ce périmètre de quarantaine, m'y installant comme une reine en sa demeure. Isolée, certes, mais il y a quelque chose de réconfortant dans ce vaste continent qu'est ma solitude où je fais l'expérience d'une sorte de robinsonnade intérieure. En somme une retraite sans reddition. Alors un écran entre toi et moi - deux au fond, que l'on porte à nos yeux quand on en a envie, et si l'on en a envie, on fait le choix du bavardage, des confidences ou du silence : le seul témoignage que l'on aura de nos existences réciproques ce sont ces millions de petits signes, se taillant leur place nécessaire dans ces petites bulles vert d'eau un peu ridicules au fond - y aura-t-il un jour la teinte Pantone correspondante, qu'on appellera "Expectation", ce vert associé aux joies les plus infimes et aux désespoirs les plus certains, et le plus souvent tristement informatif lorsqu'il n'est pas simplement décevant. Mais dans ce "... écrit", il y a toujours une part d'excitation et de fébrilité : une promesse - quelqu'un, de l'autre côté, formule de façon hasardeuse quelque pensée.

Je ne sais pas si ça te rend fou, si toi tu voudrais, comme tu le dis quelques fois, me retrouver. J'ai toujours eu l'impression de rater ces "cafés" comme on rate des entretiens d'embauche : en dépit d'une préparation appliquée. Comme si tu allais me retrouver plus complètement en me voyant, en me touchant, en observant les quelques rides qui ont du apparaître le temps de l'absence, les cheveux qui ont poussé, en essayant de deviner, dans le corps, le temps qui a passé. Est-ce que je suis véritablement plus moi-même quand ne parvenant pas à cacher ma nervosité mes yeux passe de l'inspection des nervures du bois, à celle du rebord de la soucoupe puis de la tasse avec la légère marque de rouge à lèvres que j'y laisse peut-être et que je martyrise le petit sachet de papier oblong qui accompagne tous les mauvais expresso de tous les cafés où on a pu se retrouver, lui faisant subir toutes sortes de sévices, torsions, pliages, culpabilisant pour deux choses à la fois, la certitude, d'une part, d'avoir l'air d'une gamine pas finie, d'autre part d'avoir gaspillé puisque le serveur sera contraint de jeter le petit berlingot usé, sans qu'il n'ait jamais réalisé sa fonction originale et première, sa raison d'être, sa cause finale dirait Aristote : sucrer, ce qui me conduit à me demander s'il ne serait pas opportun de laisser, de temps à autres, s'infiltrer davantage de douceur dans mon existence.

mardi 18 février 2014

Le principe de joie obligatoire

Choses à accepter :

- d'être souvent imparfaite
- la peur du vide et celle d'échouer
- l'inertie






vendredi 14 février 2014

L'amour c'est l'attente. Être amoureux c'est attendre. Barthes l'a dit et tout le monde est d'accord. Alors comme je suis amoureux je fais des trucs débiles : je rafraîchis toutes les dix minutes l'inbox qui devrait recevoir tous tes précieux messages. A chaque fois le coeur gonflé d'espoir. Si tu réalises que tu attends quelque chose, mais attendre vraiment, de tout ton corps, l'attention tendue, chaque heure de la journée s'égrenant selon cette insoutenable, cruelle, terrible attente qui ravage tout, alors tu devrais réaliser que tu es amoureux.

Un silence épais et poisseux,  et surtout tout à fait injuste. C'est la composante principale de ce silence. L'injustice la plus pure et la plus certaine. Qu'ai je fait ? Qui es tu pour me faire attendre, pour me faire demeurer ? Tu le sais bien que je saurai t'aimer, chaque petite centimètres carrés de ta peau, chacune de tes pensées, même quand tu ne penses pas moi je t'aimerai. J'aimerai tes rêves, tes colères, j'aimerai quand tu me raconteras tes journées, même quand elles seront pas intéressantes, et j'aimerai te faire à manger et te voir tous les jours de la semaine, et je t'aimerai, surtout, plus et mieux que tout le monde. Et ça tu devrais le savoir parce que j'attends mieux et plus que tout le monde.