vendredi 31 décembre 2010

Elle et sa copine avait passé l'après midi à resasser des histoires de coeur mal foutues, j'écoutais en silence, autour de nous traînaient les lectures de l'été de la mère de Lou, toutes obsessionnellement cornées, et puis en étirant ses jambes, Lou disait, "c'est quand même plutôt facile, la vie, en général".

Cette assertion marquait la fin de la conversation, elle allait se préparer, rassembler ses affaires (jamais grand chose), qu'elle appelait "impedimenta", et, d'un pas leste, rejoignait son quartier favori : la plage face à l'océan. J'étais invité à la suivre.

Ce que j'aimais chez Lou c'est ce que j'y voyais : une fille qui n'a pas de filtre, complètement vraie et poreuse. J'étais tombé amoureux de sa nuque tendue, de ses yeux intelligents et de sa voix qui perçait l'air avec confiance. Elle n'était pas spécialement sûre d'elle, mais elle parlait avec simplicité et honnêteté. Quand elle s'entichait de quelque chose c'était toujours très simple et très certain. Par exemple, en ce moment c'était la mer. Alors elle regardait le port d'échouage devant lequel on passait en rentrant le soir, lorsque la lumière déclinait et faisait des reflets sur les voiles affalées, avec une émotion assez pure, comme une satisfaction générale et pleine, un peu dans le tragique. Elle reprenait sa route la mine haute, changeait de sujet rapidement : où fallait-il boire un verre ce soir ? mais impossible d'ignorer qu'elle avait repris son souffle un instant.

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