lundi 2 mars 2009

Je me sens froide.

Week-end dans la famille de Boyfriend, ça a fait du bien, surtout, de partir de Paris pendant quelques heures (j'en peux plus d'être bloquée ici et je remercie chaque occasion de prendre un peu l'air), même si en prenant le métro 4 au retour, mes yeux palpitaient de soulagement (la fille bien habillée : un boyfriend jean en corsaire mais quelle BRILLANTE idée, sur des collants opaques + super talons, un foulard super folklo-russe et une sorte de veste molletonée/bleue marine. le mec bien habillé : un grand manteau à chevrons, une barbe étudiée, un regard intelligent - l'intelligence c'est la chose la plus sexy du monde, tu peux toujours essayer très fort avec tes grosses lèvres ou tes jambes fuselées). Bref, samedi, après avoir préparé le repas du lendemain avec son frèrenuméro2 (c'était l'anniversaire de leur mum et comme c'est la honte de cuisiner pour ton propre anniv' ce sont les enfants qui s'en sont chargés), et avant d'aller au concert de frèrenuméro1, on s'est posé au salon pour regarder ça :


C'était vraiment cool. Crumb dessinait beaucoup dans les sixties/seventies, et s'est d'abord fait connaître pour des illustrations qu'il avait réalisé sous LSD (des perspectives déformés, des bonhommes malingres avec des chaussures énormes, et toujours un visage assez niais/enfantin), après, il a développé un style nettement plus... satyrique et underground en parlant pas mal de fantasmes et en dessinant des femmes exagérées et ultra sexuelles, mais moi, ce que j'ai préféré c'est son soucis du détail : il racontait travailler beaucoup à partir des photos et c'est hallucinant de voir ses paysages urbains, ou bien sa technique des "traits de biais" pour tout faire : de l'ombre, de la couleur, du volume. Ca m'a donné encore plus hâte de recevoir les graphic novels que j'ai commandé la semaine dernière sur Amazon. Ce mec et ses frères étaient sérieusement totalement barrés, mais ça fait du bien aussi de voir qu'on a pas FORCEMENT besoin d'être net et performant. Dans le style "mec bien habillé", Robert Crumb se défend bien aussi : long comme un haricot (on dit fin non théoriquement ?), toujours avec des pulls de grand-père, un chapeau, la face un peu de biais, de grandes lunettes, et un pantalon qui baille autour de ses cuisses maigrelettes. J'adore la constance dans le style, les gens qui ont un uniforme, et, peu importe la saison, la décennie, s'habillent toujours de la même façon, je prends ça comme la quintessence de la connaissance de soi même. Je dois bien aimer les gens obsessionnels quoi.

En parlant d'obsession, je crois que le mois de février est définitivement mon préféré : c'est à la fois le moment où il fait très froid et où la lumière revient, chaque année le même coup, un soir on sort du travail/du métro/de la fac/du lycée, et on voit avec surprise qu'on a un peu de répit : le soleil est toujours là. Quand on revient du ski, on est toujours effarés par la lumière franche contre les bourgeons, par le temps qui s'adoucit et par la clarté du ciel. Samedi, c'était le premier jour de beau temps et le long du chemin en revenant de la bibliothèque j'ai enlevé mon manteau. J'attends avec impatience le moment où on sortira sans après une brève délibération et ça deviendra seulement un réflexe par la suite : j'adore quand on crée de nouvelles habitudes et autres petits rituels naturellement, motivés par un environnement extérieur (le beau temps, un nouvel itinéraire pour aller d'un endroit à un autre, une nouvelle activité..) Le vrai début de l'année, c'est exactement maintenant, et c'est pour ça que je suis pas du tout à côté de la plaque si je suis pleine de candeur et d'extrêmement bonne humeur ce matin.

Je réalise d'ailleurs aujourd'hui que ce petit blog a fêté ses un an. Fil conducteur : "get me out of here". (mais aussi, le pavement-thinking : i care, i care, and i really don't care)

En ce moment j'ai besoin de lire, de prendre mon petit cerveau et de le confronter à des trucs bien durs, tordus et charpentés comme des théories hegeliennes et absolument la bougeotte de nouveau. Le beau temps probablement, mais, commençant à me connaître, je penche plutôt vers : "I've paced myself enough now". J'ai même pas envie de savoir plus précisément ce qui m'occupe, j'ai juste envie de me dégourdir les jambes.

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