mercredi 1 octobre 2008

crimewave




Tu vois, je suis dans un aéroport ce matin, je me suis acheté un café dégueulasse, trop amer, les "cafés de station service" que tu détestes aussi, mais je m'en fous, j'attends juste tes jambes, le creux de ton aine, tes cheveux envahissants. Ca va durer qu'une semaine, et je m'en fous, je m'en fous, j'y réfléchis même pas, c'est comme ça : je dois te voir, je m'en fous que tu comprennes pas, que tu te fiches de moi, que tu sois égarée, que t'ailles pas à tes cours, que ta chambre soit en bordel, que ta copine soit plus jolie, plus parfaite, plus intelligente, je m'en fous, je prends l'avion, je traverse un océan, un petit bout de continent, je viens te voir, je serai à ta porte et je m'en fous bien quand tu joues à celle qui fuit.
Bon, dans toute ma logorhée j'ai pas entendu qu'on appelait le groupe 3 (moi) depuis 15', je rassemble mes impedimenta (pas grand chose, un sac à dos qui contient un bouquin - Premier Amour, et mon ipod, et un hoodie Element), je donne d'une main aveugle mon "billet électronique", on me rend une carte d'embarquement maigrichonne, le truc ridicule, qu'on a plus aucun intérêt à garder comme relique tellement c'est moche et lâche, en pénétrant dans la cabine, je me félicite totalement sur la bravoure dont je fais preuve, à quel point je connais l'amour pur, l'amour présent, en ce moment même. Je me félicite pas pour moi, juste pour ce que la vie m'a donné : t'imagines toi, connaître ça : le besoin de polluer comme un gros crasseux l'atmosphère, juste pour voir une personne, qui répond pas à tes textos ? Bon. Moi j'imaginais pas faire ça, mais ses cheveux roux et ses grandes jambes maigres me manquent, alors fuck it, je viens.

"American Airlines wish you a pleasant flight". Les hôtesses sont laides et fatiguée, où est le putain de fantasme ? La réalité, c'est que je vole avec American Airlines, la compagnie du 11 septembre, parce que c'est la plus cheap, mais aussi pour faire chier mes parents. Qu'est ce qu'elle fout à Chicago de toutes manières cette dingue? C'est même pas la peine d'essayer de répondre à cette question : apprécie juste le vol, le simple concept de traverser l'air à xxx km/heure. Comme je suis un garçon prévoyant (à part quand il s'agit de tomber amoureux : faut toujours que je m'amourache de cas sociaux finis), j'ai blindé mon ipod des dernières recommandations de Pitchfork, quand l'hôtesse (toujours laide, toujours fatiguée, et avec du rouge à lèvres sur les dents, fuckin' gross) passe, je demande un thé, et je le sirote en regardant les nuages, en imaginant sa moue ingrate, en cessant de l'imaginer car j'ai un mauvais pressentiment ensuite.

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Débarquer dans une ville que tu connais pas, c'est toujours pour moi hyper excitant : tout le monde vit, sans toi, les gens qui veulent un Starbucks, ils vont chez Starbucks, les gens qui quittent leur taf, ils quittent leur taf : bref tout le monde vit sa vie, c'est chouette, c'est ordonné, mais, si les mecs de Google Streets passaient par là, tu serais sur le paysage, comme tout le monde, un intrus, mais dans le monde. Putain de cool comme pensée. J'ai récupéré mon sac facilement, maintenant, je l'ai sur le dos, j'ai pris un taxi pour arriver en centre ville, il est 16h, il fait un peu froid, mais après dix heures enfermé, c'est plutôt agréable, alors je me pose juste, une carte à la main, que j'ai acheté avant de partir (prévoyant je te dis) pour essayer de me répérer un peu. Je suis pas loin de son uni', mais, la connaissant, je sais pas si elle est allée en cours. Si même elle y a déjà mit les pieds. Emmerdant. Mon portable est sorti de ma poche, et je me rends compte que je suis en train d'hésiter à lui envoyer un message. On est censé faire quoi au juste quand la personne qu'on aime inconditionnellement te répond plus, fait semblant que t'existes pas ? J'ai toujours pas trouvé la réponse, et là, je suis super loin de chez moi, j'ai un peu de tunes mais pas trop, mais surtout, j'ai juste envie de me blottir contre elle, de sentir sa nuque, et, en réalisant que c'est moins simple que juste prendre un billet d'avion en ligne, j'ai vraiment envie de m'affaler par terre, le gros sac à mes côtés, et pleurer un peu.

A la place, comme je suis pas un connard abattu, je me retrouve dans un super café à engloutir des pancakes servies par une fille super mignonne aux cheveux courts : la vraie vie. Comment ça se fait que toutes les serveuses dans les grandes villes américaines soient exactement mon type de fille ? J'aimerai bien ne pas être obsédée par L. pour pouvoir tenter un truc : rien qu'avec mon accent français, ce serait assez facile. Elle me regarde du coin de l'oeil avec sa copine (carré, frange, slim déglinguo qui a du être noir dans une autre vie, marinière en dessous d'un cardigan trop grand), moi j'avale de grandes gorgées de café, je vide le sirop d'érable dans mon assiette, j'ai l'impression géniale de pas avoir mangé depuis mille ans. Finalement, c'est la première serveuse, avec ses cheveux super courts qui revient me voir et me propose de sortir ce soir, des potes à elle font un concert. Ecoute ouais. Je lui demande où je peux dormir, elle me file l'adresse d'une auberge de jeunesse, me dit aussi que je peux juste laisser mes bagages à la consigne et venir la chercher d'ici 2h ici. Bon, elle a l'air jetée d'une manière autrement plus sexy que l'autre névrosée qui va jamais en cours et s'expatrie du jour au lendemain, alors qu'un mec comme moi l'aime, alors tout simplement, j'accepte.

A partir de ce moment là, les trucs s'enchaînent, les visages se confondent, je te cherche toujours, mais je perds du temps en étant entraînés dans des plans pas très logiques.

2 commentaires:

_ a dit…

J'ai un peu l'impression que c'est toi au masculin ce mec là. Un peu moi aussi, mais avec une dose de cran en plus, on ne se refait pas. Moi j'ai juste couru après un train, j'en suis pas encore au point de polluer le ciel gris.
Dis, tu nous sors quand un bouquin? J'le dévorerai en une bouchée, y a aucun doute là dessus. Quel article!

Mathilde

-f a dit…

hey merci ! Je sais pas tellement si c'est moi par contre, mais ton commentaire fait plaisir de toutes façons ! xxx