jeudi 14 mai 2009

Introduction

J'ai toujours eu le goût des mauvais chocolats, qu'on avale boulimiquement pour oublier l'ennui dont on a naturellement été dotée et les ruptures laides, vous savez, ce chocolat un peu dégueulasse, qui s'invite à tous les Noël à côté des bouquets aux pétales mous, achetés à la va-vite chez le fleuriste du coin. Je suis une gourmandise de supermarché, qui s'effrite au premier coup de langue séducteur. Et tant pis pour moi, si ça me va pas.

De toute façon, à 19 ans, je devrai y être habituée: rien ne me va. Les courbes arabesques me rendent gauches, ces talons trébuchent, ces études s'étiolent, en forme de feuillets séyès paumés, mouillés par cette pluie, j'aurai du me douter.

On m'a demandé de choisir, et pour moi rien n'avait d'importance. Je suis arrivée avec ma langue confuse à en avoir marre, mes yeux à salir qui ne s'étaient jamais vraiment ouverts, sur le dos rien à donner. Mon père m'a appris que je n'ai jamais rien eu à donner, alors la bouche en cœur, le gosier abruti, je l'ai cru, maintenant vous pouvez m'avaler.

A toute heure de la journée, c'est la même chose: je marche entre des permanentes ratées, des bottes mal ajustées, au milieu de toutes ces femmes frustrées, qui, s’impatientant avec leur vie, espèrent encore de l’éclat, et la poudre aux yeux. Je ne sourie à personne, je passe et je fais la gueule, m'enfouissant dans un col roulé, que je porte déjà depuis quatre jours. C'est comme ça.

Moi je vois plus que ma solitude qui s'attarde, me colle aux talons et aux paupières. Mes soupirs du matin, c’est la peine, l’ennui, la colère vaine, et l’ingratitude enfin d’être une fille. Un vrai miracle, j’écume, je suis Botticelli, céleste et flamboyante, déployée, je chante et danse et tournoie. Et, ravagée par mon ventre, ce métronome sans hésitation, c’est prostrée que j’écope ma merde. Couche par couche, l’immondice de ma médiocrité. Oisive et affamée, je me perds dans ce début de vie, tout ce que je vois, c’est un banquet, tordu et dégueulasse, d’entrailles gisantes et sans signification.

(Il y a bien...)

2 commentaires:

Marion a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
public enemy a dit…

OLD SCHOOL! :smiley-nigga: